Conférence FJC – La Parole demeure la voix qui libère

L’ère numérique a bouleversé nos manières de communiquer, de nous informer et de nous distraire. Les réseaux sociaux, en particulier, sont devenus un lieu incontournable où s’échangent des milliards de mots chaque jour. Mais au milieu de ce flot incessant, une question essentielle se pose : quelle place la Parole de Dieu peut-elle occuper dans cet univers saturé de paroles humaines ?

La Parole de Dieu est stable, intemporelle et vivante

Les réseaux sociaux regorgent d’opinions, de débats, de slogans, de vérités partielles et de contre-vérités. La Parole de Dieu, elle, est stable, intemporelle et vivante. Alors que les tendances s’essoufflent à la vitesse d’un fil d’actualité, la Bible rappelle que « l’herbe sèche et la fleur tombe, mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement » (Esaïe 40.8).

Pratiquement, cela signifie que nous ne devrions pas nous laisser distraire par la multitude des notifications, mais nous concentrer sur cette Parole qui éclaire et apaise. Les réseaux sociaux favorisent les messages courts, frappants, faciles à partager. Si cela permet de diffuser des pensées inspirantes, il y a aussi un risque : réduire la Parole à des fragments décontextualisés, utilisés comme des slogans. Une citation isolée peut perdre sa profondeur et même être détournée de son sens. D’où l’importance d’inviter, au-delà du partage d’un verset isolé, à la méditation de l’ensemble de l’Ecriture, dans sa cohérence et son unité.

La Parole s’est faite chair, ce rappel est crucial

La Parole n’est pas seulement un texte ; elle s’est faite chair en Jésus-Christ (Jn 1.14). A l’ère des réseaux, ce rappel est crucial : partager la Parole, ce n’est pas seulement publier des versets, mais aussi laisser transparaître dans nos paroles et nos attitudes le caractère du Christ. Les réseaux sociaux deviennent alors une scène où notre manière de dialoguer, d’écouter et de respecter est un témoignage vivant rendu à l’Evangile. Il est facile d’être happé par l’immédiateté et la superficialité du numérique, mais la Parole nous appelle à un rythme différent : méditer jour et nuit (Ps 1.2) et mettre en pratique (Jc 1.22).

Cela peut se traduire par des jeûnes numériques réguliers où l’on se déconnecte pour s’imprégner de l’Ecriture, afin de revenir ensuite sur les réseaux sociaux avec un regard renouvelé et une parole plus juste. Les réseaux sociaux brassent le vrai et le faux, le beau et le laid, l’utile et le vain. La Parole de Dieu est donnée pour discerner, pour juger les pensées et les intentions du cœur (Hé 4.12). Elle n’est pas une arme pour alimenter des polémiques, mais une lumière qui éclaire nos choix : ce que nous lisons, ce que nous partageons, ce que nous passons sous silence.

La Parole de Dieu ne perd rien de sa puissance dans l’ère du numérique

La Parole de Dieu ne perd rien de sa puissance dans l’ère numérique ; au contraire, elle devient un repère vital au milieu du tumulte. Les réseaux sociaux sont une opportunité pour la rendre visible, mais ils ne doivent jamais remplacer la méditation personnelle et communautaire qui nourrit la foi. Dans un monde saturé de paroles, la Parole demeure la voix qui libère, guide et transforme.

Jean-Philippe Bru, doyen de la Faculté Jean Calvin, et professeur de théologie pratique