faculté de theologie
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Conférence FJC – Proverbes 26 et les médias sociaux

par | 25 Nov 2025

Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie, De peur que tu ne lui ressembles toi-même. – Proverbes 26:4

La sagesse du silence… à l’épreuve des médias sociaux (enjoy the silence !)

La sagesse populaire nous apprend « qu’il vaut mieux se taire et passer pour un « insensé » (pour employer le terme biblique) plutôt que de l’ouvrir et de ne laisser aucun doute à ce sujet ».

Dans bien des débats, se taire est préférable au fait de répliquer, et cela d’autant plus sur les réseaux sociaux que nous connaissons aujourd’hui. En effet, la facilité, et la rapidité, avec laquelle il est possible de poster une réponse ne jouent pas forcément en faveur de l’intelligence du débat.

Alors vaut-il mieux se taire, comme le suggère ce texte de sagesse biblique ?

Les réseaux sociaux, par leur immédiateté, incitent à réagir plutôt qu’à réfléchir.

Deux aspects sont à mentionner : d’une part ce verset des Proverbes nous conseille de garder le silence et d’autre part il nous met en garde contre le danger de ressembler à l’insensé si on lui répond. Les réseaux sociaux, par leur immédiateté, incitent à réagir plutôt qu’à réfléchir. Or, réagir à une provocation par une provocation équivalente, c’est entrer dans un cercle qui n’est pas très vertueux, et qui ne fait pas vraiment avancer le débat. La littérature sapientiale perçoit bien ce risque : l’insensé ne se définit pas seulement par ses paroles stupides, mais aussi par la contagion de son comportement ! En répondant « selon sa stupidité », on cesse d’incarner une parole distincte et l’on adopte le même registre que l’insensé, au risque de devenir finalement son miroir.

Exemple tout à fait fictif : imaginons que quelqu’un sur Twitter/X publie un message volontairement provocateur du type : « tous ceux qui pensent ça sont des idiots », la réaction immédiate, à chaud, est souvent une insulte équivalente ou une moquerie du genre « idiot toi-même » ou « c’est celui le dit qui y est ». Pour éviter de déraper dans ce genre d’invectives de cours de récré, la sagesse biblique nous invite plutôt à garder le silence.

Jésus lui-même a incarné cette sagesse

Ce mécanisme est particulièrement observable dans les échanges sur les réseaux qui peuvent parfois être tellement polarisés qu’ils vont donner lieu à une surenchère verbale où une remarque sarcastique appelle une autre remarque sarcastique, puis un propos agressif ou dénigrant, pour arriver finalement au « point Godwin ». Ce risque est d’autant plus réel à cause des « trolls », qui ne sont pas des créatures fantastiques ici, mais une tentative délibérée de déclencher une polémique par une publication provocatrice. Ces interventions sont tout spécialement conçues pour provoquer le débat et pousser l’interlocuteur potentiel à la faute, pour le discréditer. Les spécialistes du numérique parlent de « trolling ».

Dans ce contexte, la sagesse biblique nous met en garde de ne pas tomber dans ce piège : « répondre à l’insensé selon sa stupidité », c’est courir le risque de lui ressembler alors qu’on voulait le contredire. à l’inverse, choisir de ne pas répondre ne doit pas être interprété comme un signe de faiblesse, mais plutôt comme un acte de maîtrise de soi. Dans la culture des médias sociaux, où « avoir le dernier mot » est souvent perçu comme une victoire, le silence volontaire devient alors une occasion de témoignage contre-culturel. On pourrait même dire que le fait de ne pas se laisser dicter sa réaction par la provocation extérieure est une oeuvre de sanctification. Jésus lui-même a incarné cette sagesse quand, face aux accusations et aux moqueries, il a gardé le silence, comme ce fut le cas lors de son procès, ce qui étonna beaucoup ses juges (cf. par ex. Matthieu 27.14). Le silence peut en effet désamorcer une spirale de haine et montrer que l’on refuse de jouer selon les règles imposées par les « insensés ».

Michaël De Luca, chargé de cours à la FJC 

 

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La conférence FJC 2026 : La Parole à l’ère des réseaux sociaux

Lors de ce weekend de théologie des 13 et 14 mars 2026, nous parlerons donc de notre usage de la parole sur les réseaux sociaux. Mais de quelle « parole » s’agit-il ? La nôtre ou celle de Dieu ? Notre parole ou sa Parole ? Et bien des deux en fait. Sa Parole devrait modeler notre parole !

L’enjeu est de taille ! Ce qui est en jeu, c’est notre témoignage en ligne mais aussi la manière dont les enfants apprennent à parler, à vivre. L’enjeu est celui de nos addictions à des outils qui s’emparent de nous et de la manière dont la parole prêchée peut même être défigurée. Il est question de notre évangélisation sur les réseaux. Il est aussi question de la manière dont la culture dans laquelle nous vivons nous transforme à son image si nous ne sommes pas transformés par la Parole de Dieu.

Venez réfléchir avec nous, prier avec nous, pour ensemble ressembler de plus en plus au Dieu de la parole qui nous appelle à être ses témoins, partout, en toute occasion !

Ouverture des inscriptions le 1er décembre 2025